Les différents niveaux de BIM : jusqu'où introduire le numérique ?
Le BIM (Building Information Modeling) se décline en plusieurs niveaux
Le BIM a plusieurs niveaux, appelés niveaux de maturité. Ces niveaux sont en fait des étapes vers le BIM collaboratif. Les niveaux 0,1 et 2 ne doivent donc être considérés que comme des étapes et non pas une fin en soi. Les descriptions ci-dessous correspondent aux niveaux utilisés au Royaume-Uni, mais il semblerait que ceux-ci soient reconnus ailleurs également.
BIM niveau 0 : Le premier niveau du BIM (Building Information Modeling), le BIM CAO 2D
Souvent référé comme CAO 2D non gérée ou non structurée. C'est le niveau où pas mal toute notre industrie se trouve actuellement. En effet les normes de présentation ISO n'ont jamais vraiment réussi à s'imposer comme elles l'ont fait dans les autres industries. Il y a bien des normes de dessin qui sont appliquées, mais il semblerait que chacun utilise les siennes. La collaboration est donc difficile, d'autant plus si on considère que beaucoup de projets ne sont pas géoréférencés, n'ont pas les mêmes unités ou qu'une rotation a été appliquée. Et je ne parle pas des noms et couleurs de calques différents, des fichiers d'impression et polices de texte exotiques...
BIM niveau 1 : Le second niveau du BIM (Building Information Modeling)
Souvent référé comme le BIM en isolation (lonely BIM). Un mélange de 2D et de maquette numérique 3D. Mais attention! Le BIM en isolation ne veut pas dire produire des données de manière désordonnée comme pour la CAO 2D. Les données doivent être structurées, c'est à dire répondre à une norme (en Angleterre BS 1192:2007). Cette norme doit régir entre autres la numérotation des plans, la géolocalisation, la présentation, le système d'approbation et de diffusion des plans, etc.
Il est regrettable de voir que nombre de personnes très en vue sur Internet recommandent de se lancer dans l'achat d'un logiciel BIM et de produire des maquettes numériques sans trop se soucier de la manière. Si votre maquette ou les informations qu'elle contient ne sont pas structurées, ce n'est pas du BIM, même niveau 1. Pas de structure, pas d'échange possible, pas de BIM. Désolé.
Il n'y a pas de collaboration à proprement parlé à ce niveau-là car chacun publie et met à jour ses données individuellement. Le partage électronique et la diffusion des plans habituellement 2D (PDF ou fichiers natifs) entre les différents acteurs se fait via un Environnement de Données Commun, comme par exemple Autodesk A360, Graphisoft BIMx ou Trimble Connect.
BIM niveau 2 : Le premier niveau du BIM (Building Information Modeling)
Cette fois la collaboration commence! Chacun produit une maquette numérique 3D dans son coin (architecte, ingénieurs, MEP, etc). Alors où est la collaboration? Et bien c'est dans la façon d'échanger ces modèles. En effet, et c'est crucial à ce niveau, les différents modèles sont progressés de concert et sont échangés en utilisant un format de fichier natif, IFC ou Cobie. Cet échange va permettre de combiner tous les modèles en un seul modèle unique ou fédéré. C'est avec ce modèle unique que seront effectuées les détections de conflits par exemple. Par exemple, le BIM Niveau 2 est obligatoire pour les projets gouvernementaux en Angleterre en 2016.
Partage et diffusion des modèles et plans via Environnement de Données Commun comme pour le niveau 1. A noter que les IFC, même s'ils peuvent être utilisés au niveau 2, ne sont requis qu'à partir du niveau 3. Le BIM niveau 2 + IFC est communément appelé niveau 2i. Le niveau 2 permet l'utilisation du BIM 4D et 5D.
Le BIM niveau 2 contient les éléments suivants:
- Un modèle graphique ou maquette numérique 3D créé avec un logiciel BIM tel Revit, ArchiCAD, Tekla, etc ou un fichier format IFC.
- Des données non-graphiques incluant par exemple des informations importantes pour l'utilisation et la maintenance de l'ouvrage. Au Royaume_Uni le format COBie-UK-2012 a été retenu pour ce type d'information.
- De la documentation comme des rapports ou des dessins 2D. Le format PDF est habituellement recommandé pour cette documentation.
En plus des éléments ci-dessus, le niveau 2 impose les exigences suivantes:
- Structure des données (standards)
- Définition des processus
- Définition et contrôle des échanges de données
- Un Environnement de Données Commun
BIM niveau 3 : Le premier niveau du BIM (Building Information Modeling)
Ou iBIM. Considéré par beaucoup comme le seul BIM, car il permet de profiter de tous les avantages offert par le BIM. Un modèle unique est stocké sur un serveur centralisé, accessible par tous les intervenants et durant toute la durée de vie d'un ouvrage via IFC/IFD/IDM. Cette collaboration totale n'est pas sans poser de nombreux problèmes de propriété intellectuelle, de responsabilité et de réglementation de l'accès/modification/enregistrement de la maquette numérique unique.
Si pour les autres niveaux les contrats actuels avec un addendum BIM semble suffisant, le Niveau 3 devra recourir à des contrats spécifiques qui régissent ce nouveau type de partenariats entre tous les acteurs. Accords multi-parties, partage des risques et bénéfices, assurances spécifiques sont également à considérer au niveau 3.
Le BIM Niveau 3 est actuellement testé sur de grands projets par une minorité de firmes. Ce BIM niveau 3 n'est pas a proprement parlé disponible. La technologie actuelle ne permet pas encore l'accessibilité du Niveau 3 à tous. Les normes et les contrats ne sont pas disponibles et c'est pour cela que les gouvernements se sont arrêtés au Niveau 2 dans leurs exigences.
Image très connue du diagramme de BEW et Richards qui représente les niveaux du BIM au Royaume-Uni